Le travail des enfants continue à avoir une ampleur importante, notamment dans le monde rural, où 62 000 enfants y travaillent (60,1 % de garçons et 39.9 % de filles), soit 90% par rapport à l’ensemble des mineurs travaillant dans l’ensemble du pays. Le statut de la plupart de ces enfants est celui d’aide familial, soit une double pénalité pour ces très jeunes citoyens: une non rémunération pour leur travail ajoutée à leur non scolarisation.
Dans le monde rural, 90,2% de ces enfants sont employés dans le secteur de l’agriculture et travaillent 30 heures en moyenne par semaine (41 heures pour les personnes âgées de 15 ans et plus), tandis que dans l’urbain, ils sont à 58,1% et 26,8% respectivement dans les secteurs des services et de l’industrie, et travaillent 45 heures en moyenne par semaine, soit seulement 5 heures de moins que les personnes âgées de 15 ans et plus.
Les progrès réalisés au niveau du recul du travail des enfants dans le pays ont été motivés par une grande prise de conscience des pouvoirs publics vis-à-vis de cette tranche de la population qui nécessite une attention toute particulière. En effet, et en accord avec les recommandations de l’UNICEF, le Maroc a fait de "l’intérêt supérieur de l’enfant" [1] une considération primordiale. Ainsi, après avoir entériné une loi obligeant la scolarisation jusqu’à l’âge de 12 ans, le taux brut de scolarisation des enfants de 6-11 ans a dépassé les 97% pour les 2 milieux de résidence, les 2 sexes confondus. Chez les 12-14 ans ce taux s’élève à 87,6% au niveau national (83,1% chez les filles). Pour le rural ce taux baisse à 69,5% (61,5% chez les filles) [2].
Cependant, ces efforts sont encore insuffisants pour mettre fin au travail des mineurs au Maroc. En effet, le taux de scolarisation à 100% n’a pas encore été atteint pour l’ensemble de cette catégorie, tout comme l’exclusion scolaire des élèves des cycles du collège et du secondaire n’est toujours pas interdite.
Il est donc nécessaire pour éradiquer définitivement ce honteux phénomène de notre société, de placer l’inclusion scolaire au rang des priorités des programmes nationaux de développement, de rendre effective l’obligation de scolarisation jusqu’à l’âge de 15 ans (application du plan d’urgence 2009-2013 [3]) tout en interdisant l’exclusion scolaire avant cet âge-là, sans oublier bien sûr de renforcer la protection juridique des enfants.
[1] Rapport Analyse de situation des enfants au Maroc UNICEF 2015
[2] Données statistiques du Ministère de l’éducation
[3] Rapport Programme d’urgence du Ministère de l’éducation 2009 -2013